Ah c'est un vaste problème que tu soulèves, mon ami
La grève et le blocage sont deux choses terriblement ancrées dans l'inconscient français.
Certaines catégories socio-professionnelles pensent que c'est le seul moyen de se faire entendre et donc font grève avant même de chercher à discuter. Cela dit, certaines personnes au gouvernement, notamment un certain XB ou une certaine VP, affirment leur volonté de dialogue tout en refusant les réunion avec les syndicats.
Donc il y a un vrai problème en France au sujet de ce qu'on appelle "le dialogue social". Sur certains sujets, il est très dur de mettre des gens autour d'une table et, lorsqu'on y arrive, très dur de discuter dans le calme et la sérénité.
En ce qui concerne les étudiants, c'est comme les cheminots et les hirondelles, c'est cyclique, ça revient tous les ans. Ce qui est différent, cette année, c'est que les étudiants bloquent dès l'automne, alors que d'habitude, c'est au printemps, avec le retour des beaux jours (oui, le jeune n'aime pas être mouillé
)
Le blocage est pour eux le moyen d'action le plus simple car ils ne peuvent pas faire la grève puisqu'ils ne travaillent pas.
Plus qu'un problème de fonds sur la réforme des université (qui a été acceptée par les syndicats étudiants les plus représentatifs, et qui pourtant ne représentent pas grand monde), je pense que le blocage correspond à une sorte de rite d'initiation et à une volonté inconsciente de revivre mai-68. C'est pour ça que ça revient chaque année, quelle que soit la loi proposée.
A ***re personnel, j'ai toujours pensé que le dialogue était préférable à l'affrontement.
Les universités en France ont la particularité d'être publique et gérée par l'Etat. L'un des avantages est que le coût de l'inscription à l'université est extrêmement bas, aux alentours de 400â'¬ par an, dont environ la moitié est destiné à la Sécurité sociale.
la réforme donne plus d'autonomie aux universités, notamment en matière financière. Certains ont peur que cela entraîne une privatisation des universités, ce qui aurait pour effet d'augmenter les frais d'inscription (et donc de priver un certain nombre de jeunes d'accéder aux universités) et aussi de créer une hiérarchie entre les universités françaises, car les plus riches pourraient attirer les meilleurs profs et mettre plus de moyen à dispostion des étudiants.
Bloquer une université risque de mettre en péril toute une année de travail. Je suis étudiant à la Sorbonne où j'ai eu un master d'histoire. En 2006, pendant où la Sorbonne a été bloquée pendant plusieurs semaines par les étudiants (dont la plupart ne venait pas de la Sorbonne) puis par la police pour empêcher l'occupation par les étudiants. Pendant cette période, il a été impossible de suivre les cours pendant près d'un mois et demi. Certains profs avaient averti les étudiants qui faisaient de la recherche sous leur direction qu'ils continuaient les cours ailleurs. Ils les ont prévenus par e-mail. Certains étudiants ont été prévenus et pas d'autres, dont moi. au mois de mai, pour les examens, l'un des profs donne aux choix deux sujets. Les deux sujets tombent sur des notions développées pendant le blocage de la Sorbonne, ce qui fait que je n'avais pas grand chose à dire.
Alors, pour moi, ce n'est pas grave, j'ai eu mon année. Mais il faut imaginer si cette situation s'était multipliée...